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Le député RN chasseur Antoine Villedieu répond à Willy Schraen concernant la Proposition de loi sur le bien-être animal


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    Il y a quelques jours, le Président de la Fédération Nationale des Chasseurs,Willy Schraen a posté sur son compte Facebook un commentaire très vif à l’encontre de la proposition de loi sur le bien-être animal déposée le 25 avril par le député RN de Haute-Saône Antoine Villedieu. Ce projet de loi a pour objectif de mieux encadrer pénalement les hommes et les femmes qui maltraitent leurs animaux domestiques. Nous avons souhaité ouvrir nos colonnes à ce jeune député afin qu’il nous explique pourquoi il avait décidé de déposer cette proposition de loi et surtout en quoi elle n’avait aucunement pour objectif d’atteindre les chasseurs et le monde rural en général. Entretien.

    Baudouin de Saint Leger : Antoine Villedieu, pourquoi avez-vous souhaité déposer cette proposition de loi permettant de mieux encadrer les sanctions pénales à l’encontre des personnes négligeant les conditions de vie de leurs animaux ?

    Antoine Villedieu : Baudouin, vous savez, avant de m’engager en politique, j’ai exercé pendant plusieurs années le métier de policier. C’est notamment au cours de nombreuses interventions chez des particuliers que j’ai pu découvrir l’état déplorable de certains chiens et de certains chats de compagnie. Au cours de certaines interventions j’ai à plusieurs reprises constaté la présence d’animaux domestiques maltraités, enfermés dans des placards à balais, dans le noir, baignant dans leurs excréments, sans nourriture ni eau et j’ai toujours pensé que nous devions améliorer la loi pour mieux encadrer les manquements de certains propriétaires d’animaux domestiques. Parce que je veux éviter ce genre de comportement, cela fait-il de moi un animaliste radical ? Je ne pense pas ! Après la crise du covid, bon nombre de SPA ont ressenti une hausse importante d’abandons d’animaux. J’estime ainsi qu’il est important de mieux encadrer pénalement leurs propriétaires.

    BSL : Oui mais le texte que vous proposez est assez large (je cite le texte :  « la maltraitance peut prendre de nombreuses formes »), c’est certainement ce qui a conduit le président de la FNC a réagir ?
    AV:
     Vous savez, je pense qu’il est nécessaire de rappeler une chose : je suis moi-même chasseur chose qu’ignorait probablement le président de la FNC, j’habite en Haute-Saône depuis tout petit et j’ai plusieurs chiens à la maison dont en box. Pensez-vous un seul instant que je cherche à pénaliser les chasseurs ? La réponse est évidemment non ! Les formes de maltraitance sont bien précisées dans mon texte, de telle sorte qu’elles ne concerneront jamais les chasseurs.

    BSL: C’est en tout cas ce que le Président de la Fédération Nationale des Chasseurs pense, compte tenu des attaques que les chasseurs peuvent subir au quotidien.
    AV : Je lui réponds qu’il a tout faux. Le principe d’encadrement de la négligence vis-à-vis des animaux n’est pas un phénomène nouveau. L’article R653-1 du code pénal fait de toute blessure ou mort d’un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité, par négligence, inattention, imprudence ou maladresse, une infraction passible d’amende de troisième classe. Cette loi existante concerne tous les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité sans distinction, et donne là une définition très large qui pourrait être soumise à interprétation. Ma proposition de loi encadre donc un texte déjà existant, mais qui n’a malheureusement plus aucun effet dissuasif sur les propriétaires négligents.

    BSL : Donc, si je vous suis, cette loi existe déjà mais celle que vous proposée sera plus aggravante pour les contrevenants.
    AV :
     C’est exactement ça. La peine pour maltraitance est portée à six mois d’emprisonnement et à 7500 euros d’amende lorsque des mauvais traitements entrainent une atteinte grave à la santé de l’animal ou une mutilation. Lorsque les faits entrainent la mort de l’animal, les peines sont portées à un an d’emprisonnement et à 15000€ d’amende.

    BSL :  Lorsque vous vous êtes entretenu avec le président de la FNC au téléphone pour parler de cette loi, que vous a-t-il dît ? Quels étaient les griefs de la Fédération nationale des chasseurs ?
    AV:
     Pour reprendre ses propos, le président de la FNC pense que nous avons ouvert une boite de pandore imaginée par des écolos radicaux ou des animalistes activistes les plus durs. Mais comment peut-il dire cela alors même que cette loi existe déjà et qu’elle a pour but de punir ceux qui maltraitent leurs animaux ?  En faisant ce raccourci, et cela publiquement, le président de la Fédération nationale des chasseurs insinue que les chasseurs seraient des femmes et des hommes qui maltraiteraient leurs animaux… De plus ces propos et ce procès d’intention porte préjudice à l’image des chasseurs, et permettent aux ennemis de la chasse d’utiliser ces accusations comme un aveu coupable, ce qui est totalement faux car ça ne correspond pas à la réalité des liens qui unissent ces derniers et leurs animaux.

    BSL : Les miradors des chasseurs sont retournés. Certaines cabanes de chasse sont brûlées et des fédérations taguées. Ne pensez-vous pas que cette loi puisse être instrumentalisée par ces mêmes anti-chasse ?
    AV: 
    Vous savez Baudouin, je sais combien les chasseurs prennent soin de leurs chiens. J’étais, il y a quelques semaines, au rassemblement de l’AFACCC de Haute-Saône où j’ai pu découvrir des meutes magnifiques et notamment les griffons Nivernais d’Emeline Vernier.
    Vous croyez vraiment un seul instant que mon idée était de créer une loi qui permettrait à des animalistes de nous enlever nos chiens ?  Cette loi ne peut pas donner lieu à une quelconque interprétation. Elle ne permet pas non plus à n’importe quel antispéciste de faire placer en garde à vue son voisin chasseur au prétexte qu’il a retardé de deux heures la distribution de croquettes.

    Selon cette proposition de loi, pour risquer effectivement la prison, il faudrait que vous ayez laissé sans eau votre chien ou votre chat et que ces derniers laissent apparaitre des problématiques de santé liées au manque d’hydratation constatable par un vétérinaire.

    D’ailleurs, la Fédération nationale des chasseurs se trompe dans son analyse. Les animalistes, ce dont ils rêvent, c’est le prononcé de l’interdiction totale de la captivité animale et de reconnaître les sévices psychologiques ce qui n’est absolument pas mon cas et absolument pas prévu dans cette PPL. Cette proposition de loi s’adresse justement aux propriétaires d’animaux. Maltraiter volontairement un animal est déjà un délit, très lourdement puni par la loi. L’objectif de cette loi est de responsabiliser les propriétaires d’animaux car accepter la charge d’un animal, c’est accepter de s’en occuper correctement.

    BSL : Dans ses propos relayé sur les réseaux sociaux, le Président de la FNC indique : « tout le monde est condamnable à un moment ou à un autre. Avoir un chien dans un chenil, des oiseaux en cage, exposer un chien au nez d’un sanglier, la pratique de la chasse en général, faire courir une vachette, faire entrer un taureau dans une arène, des poules ou lapins en cage, les animaux de compagnie sans jardin, ce sera fini. » 

    AV: Là encore on marche sur la tête. Le Président de la FNC insinue donc qu’avoir un chien dans un chenil signifie forcément que celui-ci manquera d’eau, de nourriture, de soins et de besoins primaires. Heureusement, ce n’est pas le cas. C’est donner bien peu de crédit aux pratiques de nos chasseurs à tir et veneurs, qui s’occupent avec amour de leurs animaux, les soignent, les nourrissent et les sortent très régulièrement même en dehors de la période de chasse.

    L’exemple de la tauromachie est bien mal choisi également, car si elle correspond au sens le plus littéral prévu par loi, à de la maltraitance volontaire, sa survie dépend de la reconnaissance par le conseil constitutionnel des traditions régionales à protéger. La loi proposée n’aura donc aucune influence sur cette pratique. S’agissant de l’acte de chasse et la mise en danger des chiens, cette proposition de loi ne concerne absolument pas les accidents de chasse mais vise seulement les conditions de vie de l’animal.

    BSL : Selon la FNC cette proposition de loi va beaucoup trop loin.
    AV :
     Au contraire, cette PPL vient donner une définition restrictive de la maltraitance par négligence pour que ne soient pas reconnues les maltraitances psychologiques des animaux demandées par les écologistes et animalistes qui seraient, quant à elles, catastrophiques pour le droit de détenir un animal. Le code pénal et la jurisprudence ont déjà développé la notion de maltraitance animale et cette proposition de loi vient clarifier et fixer une définition qui n’est en rien punitive pour le traitement normalement responsable d’un animal en captivité.

    BSL : La FNC a également dénoncé dans cette loi le risque que la couverture médicale obligatoire de l’animal empêchera dorénavant les plus démunis d’avoir un animal.
    AL:
     Adopter un animal de compagnie, lui donner à manger, le pucer, le vacciner, lui prévoir un lieu où dormir est un engagement personnel et forcément financier également. Encore une fois dans ces propos le président de la FNC joue à un jeu dangereux. Il nous parle de couverture médicale obligatoire alors qu’à aucun moment il n’est question d’imposer une telle contrainte à qui que ce soit, en revanche les soins vétérinaires de bases doivent être prodigués, c’est du bon sens !

    BSL : La FNC conclut ses propos en indiquant avoir toujours dénoncé les convictions animalistes qui existent à la direction du RN.
    AV:
      La plus grande majorité des membres du groupe chasse à l’Assemblée sont des députés RN. Je pense que la FNC a la mémoire courte. Il y a quelques semaines encore, les députés RN dont moi se sont très fortement mobilisés sur le texte pour rejeter en commission la PPL visant à interdire la chasse le dimanche. Mais aussi à chaque fois que la chasse est attaquée. Il convient de rappeler également que j’avais déposé une proposition sur ce texte visant à la création d’un délit d’entrave à la chasse, afin de protéger les chasseurs face aux activistes de la NUPES qui voudraient tout nous interdire à nous ruraux et amoureux de la nature.

    BSL : Oui, enfin, on ne peut pas dire que le RN soit favorable à la chasse à courre ?
    AV :
     Nous sommes 88 députés à l’assemblée, et nous avons sur nos bancs de nombreux chasseurs et veneurs. Pour ma part, je suis chasseur et mon assistant parlementaire chasse à courre depuis de nombreuses années. Nos députés sont au cœur même des régions rurales françaises ou Marine le Pen est arrivée largement en tête à la dernière élection présidentielle et nous travaillons au quotidien avec les chasseurs et pour le maintien de nos traditions, je doute que ce soit le cas de beaucoup de parti politique.

    BSL : Mais, pourquoi le Président de la FNC a-t-il été selon vous autant piqué au vif ?
    AV :
     J’apprécie grandement la défense de la chasse mise en œuvre par Willy Schraen depuis qu’il a pris la tête de la FNC. Je suis toujours avec attention ses débats sur les grandes gueules qu’il mène avec brio et conviction. Pour autant, j’estime que sa démarche contre ma proposition de loi s’inscrit bien plus dans une démarche anti-RN que dans une démarche de défense de la chasse ou du monde rural. Sa proximité et son soutien à Emmanuel Macron et la présence de Thierry Coste à ses côtés, conseiller chasse du président de la République, me laissent à penser que sa prise de position constitue une dérive politicienne de son statut de président de la FNC. Je rappelle également à Monsieur Schraen que soutenir Emmanuel Macron qui est la plus européiste des candidats revient à accepter le dogme européen qui voudrait abolir et restreindre la chasse sur nos territoires.

    Je redis à vos lecteurs que les chasses traditionnelles ont ainsi été perdues sous le mandat d’Emmanuel Macron. Avec le RN, les positions européennes contre la chasse et nos traditions rurales n’auront plus lieu d’être si nous sommes un jour élus à la tête du pays. Si je comprends les craintes de la FNC, je ne peux penser que soutenir celui qui a nommé Hulot et Pompili à l’écologie soit le plus bénéfique pour les chasseurs. Il me semble important de conclure en disant qu’on ne peut pas mélanger politique et défense de la chasse.

    Pour finir, afin d’éviter toute division j’ai demandé le retrait de cette proposition de loi. C’est donc par esprit de responsabilité que j’ai pris cette décision, et en aucun cas en considération des agitations consistants à essayer de nuire au premier parti de France. J’en appelle donc à la responsabilité de tous ceux qui disent vouloir défendre la ruralité, arrêtons de nous diviser et rassemblons-nous !

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    Author: Denise Hanson

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